Par YanK l'Innommé - Août 2025

Notre économie fonctionne comme un immense système de Ponzi, mais institutionnalisé, légalisé et maquillé en rationalité économique. Dans un schéma classique, un Ponzi rémunère les premiers entrants avec l’argent des nouveaux venus, jusqu’à ce que la pyramide s’effondre faute de participants. Dans le cas des États modernes, le mécanisme est presque identique : la dette publique n’est jamais remboursée, elle est roulée, refinancée, perpétuellement reportée. Les créanciers d’hier sont payés avec les emprunts de demain, et tout repose sur la confiance que l’on pourra toujours attirer de nouveaux prêteurs.

Les banques, elles, créent de la monnaie à chaque crédit accordé, sans valeur réelle derrière autre que la promesse de remboursement. Pour les plus riches, l’accès au crédit est illimité : ils s’endettent pour investir, ils capitalisent sur de l’argent qui n’existait pas une seconde avant, et profitent d’une rente continue. Quand les bulles explosent, comme en 2008 avec les subprimes ou lors des crises de dettes souveraines, ce sont les États qui ramassent les morceaux. Mais les États n’ont pas d’argent propre : ils se financent par l’impôt et la dette. Autrement dit, c’est toujours le citoyen moyen qui absorbe la perte.

Le Français moyen, lui, n’a pas cette souplesse. Son crédit immobilier, il le rembourse jusqu’au dernier centime. Ses impôts financent les intérêts de la dette, qui ne font qu’enrichir les détenteurs d’obligations, c’est-à-dire les banques, les fonds, les grandes fortunes. Ses cotisations financent des services publics en constante tension, rabotés au nom de l’austérité budgétaire exigée pour rassurer les agences de notation. Il vit dans un système où l’argent créé à partir de rien circule librement en haut de la pyramide, tandis qu’en bas, chaque euro doit être gagné, justifié et payé rubis sur l’ongle.

Ce qui rend le parallèle avec un Ponzi si troublant, c’est la fuite en avant structurelle. Pour que tout tienne, il faut toujours plus de croissance, toujours plus d’endettement, toujours plus de confiance. On repousse l’effondrement par des ajustements successifs, des crises qui déplacent le coût sans jamais le résoudre. Contrairement à Madoff, notre Ponzi ne s’écroule pas d’un coup : il se régénère en permanence, en sacrifiant un peu plus ceux qui n’ont pas les moyens de se protéger.

Notre économie n’est pas un jeu honnête. C’est une pyramide fragile, où la promesse du futur paie l’addition du passé, et où la richesse se concentre là où l’on peut vivre sur de l’argent qui n’existe pas, tandis que la majorité continue de payer pour que l’illusion tienne debout.


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